Date de publication prévue : Lundi 20 octobre 2025 | 11h00 CET / 5h00 EDT | WPS.News
Par Cliff Potts
En 2011, une pancarte en carton sur laquelle on pouvait lire « Nous sommes les 99 % » est devenue virale : non seulement dans les rues de New York, mais aussi sur Internet. Cette pancarte, et le mouvement qu’elle symbolisait, ont aidé à catalyser un changement mondial dans la façon dont les protestations sont organisées, documentées et amplifiées. L’activisme numérique n’a pas commencé avec Occupy Wall Street, mais il a pris une nouvelle forme dans son sillage. En 2025, Occupy 2.5 reprend le flambeau : cette fois, en sachant parfaitement que l’arène du combat a changé : des places publiques aux câbles à fibre optique, des porte-voix à la bande passante.
Des mégaphones aux mèmes : une décennie d’évolution numérique
Occupy Wall Street a fait du livestreaming un outil de premier plan. Les manifestants munis de smartphones diffusaient les événements en temps réel, contournant les filtres des médias traditionnels (Juris, 2012). Des plateformes comme Twitter et Tumblr n’ont pas seulement véhiculé le message : elles étaient le mouvement. Les mèmes sont devenus de l’art militant, et les hashtags ont transformé les slogans en cris de ralliement mondiaux. C’était un activisme conçu pour la viralité.
Ce qui a suivi, c’est une décennie de soulèvements numériques décentralisés : le Printemps arabe, le Mouvement des parapluies à Hong Kong, et #BlackLivesMatter ont tous fortement utilisé les plateformes numériques (Tufekci, 2017). Dans chaque cas, Internet offrait non seulement de l’amplification, mais aussi de la mobilisation.
Chiffré et décentralisé : la boîte à outils de l’activiste moderne
Aujourd’hui, l’activiste numérique fait face à une opposition plus sophistiquée. Capitalisme de surveillance, reconnaissance faciale alimentée par l’IA, campagnes de désinformation : l’organisation est devenue plus risquée (Zuboff, 2019).
En réaction, les outils ont évolué : Signal, Mastodon et Matrix permettent des communications sécurisées ; les réseaux décentralisés garantissent la résilience si un compte est bannï ou un hashtag bloqué. Les militants utilisent de plus en plus des alternatives open-source, le partage pair-à-pair et des VPN pour contourner la surveillance.
Là où les années 2010 célébraient la viralité sociale, la résistance actuelle adopte souvent l’obscurité numérique pour la sécurité et la durabilité.
Visibilité vs. Viralité : l’algorithme n’est pas neutre
Les plateformes numériques promettent de la portée, mais à quel prix ? Les algorithmes optimisent l’engagement, pas la vérité. Les contenus critiques envers le pouvoir sont souvent enfouis. Le shadowbanning — déclassement discret des publications — affecte démesurément les militants politiques issus de communautés marginalisées (Noble, 2018).
Pendant ce temps, la frontière entre visibilité et performativité se brouille. Un hashtag en tendance peut susciter une prise de conscience sans entraîner de changement réel. Occupy 2.5 reconnaît ce décalage et utilise les outils numériques pour bâtir une solidarité durable, pas seulement pour faire du bruit.
Le coût réel de la dissidence numérique
L’activisme numérique peut entraîner des conséquences bien réelles. D’Égypte au Belarus, jusqu’aux États-Unis, des militants ont été dénoncés, arrêtés ou placés sur liste noire pour leur activité en ligne (Morozov, 2011). Un tweet peut servir de preuve. Un livestream peut identifier un manifestant.
Les mouvements apprennent à se protéger : technologiquement, juridiquement et émotionnellement. Le traumatisme numérique est réel. La charge psychologique de la surveillance, des campagnes de harcèlement et de la censure est aujourd’hui partie intégrante du militantisme.
Occupy 2.5 : un nouveau modèle pour un front mondial numérique
Occupy 2.5 est plus qu’une renaissance : c’est une riposte à un monde encore plus inégal, numérisé et instable qu’en 2011. En utilisant des plateformes comme WPS.News, WTFM.lol et des réseaux vidéo alternatifs, le mouvement contourne les goulots d’étranglement algorithmiques des grandes plateformes.
Il s’appuie sur les leçons du passé tout en invitant à une participation mondiale, non pas comme spectateurs, mais comme co-créateurs. L’activisme numérique n’est plus un spectacle : c’est une infrastructure distribuée, résiliente, difficile à écraser.
L’Europe, où les lois sur la vie privée numérique sont souvent plus strictes et où les traditions de résistance sont anciennes, a un rôle essentiel à jouer. Occupy 2.5 pose une question simple : à quoi ressemble la solidarité lorsque les frontières, fuseaux horaires et langues ne sont plus un obstacle ?
Ce n’est pas simplement une protestation : c’est une reprise de pouvoir.
Références (Style APA):
Juris, J. S. (2012). Reflections on #Occupy Everywhere: Social media, public space, and emerging logics of aggregation. American Ethnologist, 39(2), 259–279.
Tufekci, Z. (2017). Twitter and Tear Gas: The Power and Fragility of Networked Protest. Yale University Press.
Zuboff, S. (2019). The Age of Surveillance Capitalism. PublicAffairs.
Noble, S. U. (2018). Algorithms of Oppression: How Search Engines Reinforce Racism. NYU Press.
Morozov, E. (2011). The Net Delusion: The Dark Side of Internet Freedom. PublicAffairs.
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